74ème journée - 20 Avril 

Casablanca-Pékin, à vélo sur les traces d'Ibn Battuta. 

De la fenêtre, je voyais que le temps n'était pas clément, mais le choc fut plus grand en affrontant la pluie dehors. Il y avait de l'eau sur la chaussée, et le passage des voitures et des camions créait une musique qui annonçait la difficulté à venir. Au bout de cinq minutes, j'étais déjà trempé. Les voitures ne me voyaient pas bien; je me tenais donc le plus à droite possible pour les éviter. La route était trempée, les trous remplis d'eau m'étaient invisibles, le tout sous un ciel gris légèrement brouillé. Bref, une combinaison complète quand un véhicule me dépassait, me projetant une vague d'eau, pire encore lorsque les camions passaient. Après avoir parcouru 8 km, j'ai décidé d'arrêter le massacre. Si je veux continuer jusqu'à Pékin, il faut savoir s'arrêter. J'ai trouvé un hôtel au bord de la route ; je verrai ça demain. Je peux maîtriser mon matériel, ma santé, mais pas la nature. On ne joue pas avec elle. Cette partie du voyage se joue dans ma tête : la pluie, le vent,  le feu d'une inondation, une catastrophe naturelle que l'on ne peut pas toujours contrôler, mais qu'on doit éviter quand c'est possible, et c'est ce que j'ai fait aujourd'hui. Demain, l'aventure continue et je rattraperai le temps perdu dans les jours meilleurs. Lundi, je verrai le consulat du Maroc à Istanbul. Encore trois pays et j'atteindrai la route de la soie. Pour l'instant, je regarde par la fenêtre, le temps comme un chat au coin du feu. J'ai bien fait de m'arrêter, même si parfois je me demande ce que font tous ceux qui m'encouragent. Par curiosité, je lis les journaux envoyés par mon ami, ancien ambassadeur ancien footballeur professionnel  au Zaire et j'écoute la radio pour rester connecté à l'actualité internationale. Je remercie l'inventeur de WhatsApp, qui me permet de rester en contact permanent avec ma femme. J'ai parlé aujourd'hui avec Aziza Elamrany qui a gagné le Marathon des Sables. Félicitations à elle! Demain, l'aventure continue. Prenez soin de vous, sportivement, Karim Mosta.