91ème journée : Casablanca-Pékin à vélo, sur les traces d'Ibn Battuta  
Rize - Ahravi - 84 km.
Ce matin, j'avais du mal à me réveiller, mais en vérifiant la météo sur mon portable, j'ai vu qu'ils n'annonçaient pas de pluie. Cela m'a motivé, moi qui était sous la pluie depuis plusieurs jours. Au petit déjeuner, il y avait un buffet. Certains en ont pris plus qu'il ne fallait et ont laissé de la nourriture dans leurs assiettes. En parlant avec la personne qui débarrassait, elle m'a montré ce gaspillage. Je lui ai dit qu'il faudrait mettre une plaque indiquant : "Prenez uniquement ce dont vous avez besoin, revenez si nécessaire." C'est le problème des buffets à volonté. En partant, j'ai remarqué que les freins arrière ne fonctionnaient plus correctement à cause de la pluie et du sable qui avaient endommagé les plaquettes. Heureusement, il n'y avait pas de dénivelé.
Je me suis arrêté à une station-service pour demander s'il y avait un marchand de vélos dans un village sur ma route. Le monsieur m'a répondu que oui, à 3 km. Arrivé dans le village, j'ai rencontré un jeune Turc qui semblait être plutôt néerlandais, occupé à laver une voiture. Je lui ai demandé s'il connaissait le marchand de vélos du village. Il a répondu que non, il n'y avait pas de marchand de vélos. J'étais surpris car la station-service m'avait dit le contraire. Un homme impeccablement habillé en veste bleue ciel, chemise blanche, jean et beaux souliers marron s'est approché. Il a confirmé l'existence du marchand de vélos et a même enregistré l'adresse dans mon téléphone, en me disant que le propriétaire était son père, il paraissait très jeune, presque comme son ami.
Au magasin de vélos, ils ont changé les plaquettes avant et arrière. Après avoir payé, le propriétaire m'a offert un thé. Avant de quitter le village, je me suis arrêté dans une boutique pour acheter une bouteille d'eau et une barre de chocolat. Le patron m'a posé des questions sur mon origine et voulait en savoir plus sur mon histoire. Il a voulu voir mon vélo et nous avons pris des photos devant son magasin.
Il était temps de partir ; j'avais perdu pas mal de temps, mais mes freins fonctionnaient bien, ce qui était essentiel car il me restait 60 km à faire.
Je vais terminer mon parcours en Turquie avant d'entrer en Géorgie. Bonjour la montagne qui m'attend,  depuis mon départ d'Istanbul, je n'ai pas pris de jour de repos. J'ai décidé de faire une pause demain pour recharger les batteries et profiter encore un peu de la Turquie, que je ne veux pas quitter tout de suite. Je reprendrai mon périple après-demain pour terminer les 60 derniers kilomètres de cette grande Turquie, dont je garderai d'immenses souvenirs.
Ce soir, je dors dans la petite ville d’Ahravi, au bord de la mer Noire, que je vais quitter bientôt pour les montagnes de Géorgie.
À vélo à travers la Turquie, du sud au nord, j'ai pédalé à travers l'histoire et la beauté, chaque coup de pédale rapprochant mon esprit du ciel et mes roues de l'horizon infini.