Dimanche 28 avril 2024
82ème journée, Casablanca
à Pékin
, en passant par Kursunlu -Tosya
.
Durant cette étape, j'ai appris qu'il faut toujours rester calme ; tout finit par s'arranger. Hier, lorsque je suis tombé, je me suis relevé sans trop de douleur. Cependant, avant de dormir, la douleur dans mes chevilles enflées était insupportable. Je ne pouvais plus poser les pieds par terre. J'ai utilisé un remède de grand-mère : du miel mélangé à une pommade anti-inflammatoire et j'ai pris un comprimé en me disant : "Demain, on verra." Vous n'allez pas me croire, mais je me suis réveillé sans aucune douleur. J'étais l'homme le plus heureux du monde.
Cependant, en regardant par la fenêtre, j'ai vu que le temps était gris et pluvieux. Un homme me conseillait de rester au chaud pour récupérer, car j'avais mal aux pieds, tandis qu'un autre me suggérait de prendre la route, persuadé que la pluie allait cesser. Finalement, j'ai décidé de partir, mais à l'hôtel, le petit déjeuner, prévu pour 7h30, n'était pas prêt ; des ouvriers attendaient. Finalement, vers huit heures, les filles sont arrivées en panique et ont préparé le petit-déjeuner. Je ne leur ai rien dit, cela arrive de louper le réveil ; il faut prendre les choses comme elles viennent.
En partant, j'ai vu un panneau indiquant une station-service à 30 km. N'ayant pas assez d'eau, au bout de 20 km, je me suis arrêté en pleine campagne chez un Turc nommé Mustapha. Je lui ai demandé une bouteille d'eau et il m'en a apporté deux petites. Lorsque j'ai voulu payer, il a refusé, me disant que c'était gratuit pour moi. Voyant que j'allais les mettre dans mes gourdes, il m'a conseillé de prendre plutôt l'eau du robinet, venant de la montagne. Il m'a même invité à déjeuner avec lui : du beurre, du miel, du fromage, des olives, du pain fait maison et du thé. Un véritable festin! Mustapha, qui a travaillé à Istanbul et né en 1969, a quitté la capitale pour s'installer à la campagne. Il produit des produits locaux et s'occupe de ses animaux et de son petit-enfant qu’il adore. Il a ensuite téléphoné à une amie marocaine qui a travaillé avec lui à Istanbul.
Nous étions à table quand un monsieur s'est arrêté pour acheter quelque chose et s'est joint à nous pour un petit déjeuner typiquement turc. Puis, réalisant que j'étais en retard, je lui ai dit que je devais partir. Il a promis de me suivre sur les réseaux sociaux. Baissant la tête, j'ai continué sur la route nommée Istanbul. Trois jours avant, je consultais mon GPS et réalisais que j'avais déjà parcouru pas mal de kilomètres. J'ai vu une famille, trois femmes, deux garçons et une jeune fille, décharger leur pique-nique de la voiture. Quand j'ai demandé un endroit pour dormir, une dame m'a mal compris et m'a dit "7 km" au lieu de "70 km". Puis la jeune fille, avec l'aide d'un traducteur sur téléphone, m'a corrigé : "70 km devant toi, mais il y a un hôtel dans la ville que tu viens de quitter." Elle m'a donné le nom de l’hôtel, et j'ai décidé de faire demi-tour. Ils m'ont offert trois verres de thé et nous avons passé trois quarts d'heure ensemble à faire des photos. Ils m'ont proposé de rester dîner avec eux, mais j'ai refusé car je devais me laver et appeler ma famille.
Après avoir franchi des barrières avec l'aide du garçon et de la fille qui m'ont aidé à porter mon vélo, ils m'ont dit au revoir. J'avais les larmes aux yeux en quittant cette belle famille. Ils étaient très attentionnés. Durant les 9 km suivants, il a fait très chaud, et tout ce que j'avais descendu, il fallait maintenant le remonter. Arrivé à un petit hôtel isolé, sans restaurant à proximité, j’ai commandé un kebab et une salade pour une bonne nuit de sommeil réparatrice. Demain, l’aventure continue sur la route d’Istanbul avec mon vélo, la dame de fer toujours en mouvement. Je vous souhaite une bonne semaine à tous.