120ème journée : 5 juin Casablanca - Pékin, à vélo sur les traces d'Ibn Battuta
Usturt - Beineou : 86 km
Je suis parti à 7h30 ce matin. Les propriétaires de la maison dormaient à l’extérieur, dans la cour. Il est vrai qu’il fait très chaud à l’intérieur. Moi qui suis dans la fournaise toute la journée, je n’ai pas aussi chaud à l'intérieur de la maison. Il fallait faire 6 km de piste pour trouver le village.
Pas besoin de carte, il suffisait d'aller tout droit aujourd’hui sur 86 km de désert. Pas un bistrot, pas même une mobylette, même dans le village, les gens ne se déplacent pas à pied : ils ont tous des voitures, des petites motos et des chevaux.
Ici, les distances sont longues. J’ai parcouru les premiers 50 km assez rapidement dans la fraîcheur du matin, mais je ne vais pas plus vite que les trains que je vois de temps en temps tout le long de la route. Depuis que je suis arrivé au Kazakhstan, le train amène les voyageurs jusqu’en Chine par la route de la soie. Voilà une aventure à tenter.
Pas de nuages aujourd’hui ; vers 11 heures, la chaleur est intense. Je m’arrose avec de l’eau qui est devenue très chaude et je la bois aussi, je n’ai pas le choix. Pendant ce temps, les camions et les voitures klaxonnent pour m’encourager et tout le monde roule à fond. Ici, ils ne connaissent pas la limitation de vitesse, mais de temps en temps, je vois des policiers. Incroyable, je n’ai pas vu un accident de voiture depuis que j’ai quitté le Maroc, et tant mieux, mais j’ai vu beaucoup de voitures et de camions en panne. Je m’arrête et fais toujours un petit signe, mais je ne peux rien faire pour eux, sauf s’ils ont besoin d’eau.
Sur ma route, un automobiliste s’arrête. Il me dit qu’il est cycliste et qu’il est parti du Kazakhstan jusqu’à Paris à vélo. Nous avons fait des selfies et des vidéos avec mon vélo. Il m’a parlé pendant un quart d’heure. Je lui ai demandé s'il faisait encore du vélo ; il m’a répondu non, qu’il avait 62 ans maintenant. Je lui ai expliqué que j'étais plus vieux que lui ; il ne me croyait pas. Je pense que je l’ai motivé pour le reste de sa vie.
Arrivé à la ville de Beineou, je vois des arbres, que je n’avais pas vus pendant la traversée du Kazakhstan. Dans la ville, il y avait un bel arbre qui débordait d’une maison, offrant de l’ombre. Je me suis arrêté et j’ai fait une vidéo. Je suis resté cinq minutes. Je me suis promis que, quand je verrais un arbre avec de l’ombre, je m’arrêterais, ce que j’ai fait. Mais avant cela, je m’étais arrêté dans une station à l’entrée de la ville. Il y avait de la climatisation à l’intérieur. J’ai bu un café, ça me manquait. Pendant ce voyage, il y a des choses simples qui nous manquent, et elles deviennent extraordinaires quand nous les retrouvons.
La magie du GPS m’a mené vers l’hôtel. Ça ne sert à rien de demander aux habitants ; certains ne savent même pas s’il y a un hôtel près de chez eux, ils s’occupent de leurs problèmes et le reste, ils ne s’en préoccupent pas.
Cette fois, j’ai trouvé un hôtel très propre. À l’accueil, la dame était très gentille. On m’a demandé si je pouvais faire un selfie avec eux. J’ai demandé une chambre en bas pour rentrer mon vélo. Comme cela fait deux jours que je n’ai pas pris de douche, j’ai jeté toutes mes affaires par terre et j’ai pris ma douche en même temps que je faisais ma lessive.
Il y a un restaurant. J’ai demandé des spaghettis pour ce soir, ils m’ont dit que c’était possible.
Après, sur le parcours, il va faire de plus en plus chaud. Alors je vais me réveiller de plus en plus tôt. Je m’éloigne de vous de plus en plus, bientôt l’Ouzbékistan, la route de la soie. Je vous souhaite le meilleur et restez connectés pour suivre le reste de l’aventure.
Sportivement.