142ème journée: 27 juin Casablanca-Pékin à vélo.
Je voulais faire 180 km, mais les choses ont tourné autrement et je n'ai fait que 35 km. Au bout de 10 km, il y avait des travaux et il fallait faire un détour de 80 km, mais pas question pour moi , la route n’était pas encore bitumée, il n’y avait que de la terre et des cailloux. J’ai fait la piste pendant 10 km avec les camions et la poussière. Ils roulaient à trois à l’heure et ça ne cessait de monter. Quand je suis enfin arrivé sur la route, j'étais content mais pas pour longtemps : j'ai crevé trois fois et d’autres problèmes aussi. Bref, une journée passée à démonter et remonter les sacs et les bagages sous cette chaleur.
Ce soir, j’ai trouvé une personne qui m’a donné un lit dans un couloir. Les trois chambres sont occupées, il y a un petit restaurant en bas. Un chauffeur de camion est venu manger et parmi eux, deux personnes sont venues me voir. Ils conduisent des camions et vont en Russie, ils m'ont dit qu'ils vont faire 4000 km jusqu’à Moscou. Je leur ai dit que moi, je viens de faire 10 000 km à vélo. Ils m’ont offert à boire, j’étais surpris. Ensuite, le patron est venu à table avec la cuisinière et son fils qui travaille pour l’été. Ils ont discuté avec moi pendant trois quarts d’heure, posant des questions, probablement sur le voyage, ma famille, le Maroc et la France. Ça m’a fait oublier la journée de galère. Parfois, le malheur apporte du bien. Il faut prendre les choses comme elles viennent, de toute façon on n’a pas le choix. Je n’aime pas trop me plaindre, ça ne fait pas avancer le moral. Tant qu’on n’a pas de problème physique, ça va. Ce soir, je serai le gardien du couloir. Espérons qu’il n’y ait pas de musique. Il est 21h55 au Kazakhstan, il fait 29°. Demain, la saga continue.