88ème journée 4 Mai 2024 Casablanca - Pékin à vélo
Ordu - Tirebolu - 84 km.
Ce matin, il faisait très beau lorsque je suis parti à 9h, sous un soleil radieux. Deux kilomètres plus loin, je rencontre un marchand de vélos. Je m'arrête pour gonfler mes pneus. L'homme, prénommé Tarik et âgé de 31 ans, après avoir gonflé mes pneus, m'invite à prendre un thé. Je lui réponds : « Pourquoi pas, merci ! » Il nous sert deux thés, du pain et du miel. Je lui dis que je n'ai pas très faim car je viens de déjeuner. Comme il était aimable, je reste avec lui un quart d'heure. Je lui parle de mon voyage et il me conseille sur la route à suivre. Il semble surpris par mon âge et les efforts que je déploie pour ce périple. Je reprends ensuite ma route en longeant toujours la mer Noire. À ma gauche, des montagnes couvertes de forêts et à ma droite, je traverse de petits villages. Au bout de trois heures, le temps change, le ciel devient gris et il commence à pleuvoir. J’enfile mes vêtements de pluie et traverse trois tunnels. Je suis complètement trempé par le déluge qui continue. Dans ce temps maussade, je pense au chiffre 88. J'ai perdu mon papa en 1988, il aurait été fier de moi. C’est une vie d'aventure, de voyage et d'efforts. Je suis sûr que d'autres à ma place auraient cessé et se contenteraient de regarder leurs trophées au chaud, mais moi, je suis toujours assoiffé d'aventure et de rencontres. J’ai une envie de dépassement de soi, c’est dans mon ADN. Amoureux du mouvement, cela me permet d'aller loin. Perdu dans mes pensées, je n'ai ni vu le temps passer, ni ressenti la pluie. 84 km, c’est suffisant pour aujourd'hui. Juste avant de m'arrêter, je vois un monsieur qui garde des toilettes, peut-être privées, il a un tuyau d'eau ; je lui demande si je peux rincer mon vélo. « Pas de problème », me dit-il, ce qui me permet de nettoyer mon vélo. J’ai trouvé un petit hôtel au bord de la mer Noire. Je m'éloigne de plus en plus et m’approche de la Géorgie. Ce soir, je dors à 10 m de la mer Noire, la fenêtre ouverte pour me laisser bercer par le bruit des vagues. C’est un luxe inestimable pour mes oreilles, afin de trouver un sommeil réparateur et récupérer des efforts d'aujourd’hui.